Que des commémorations offrent un miroir déformé du passé, seul un naïf pourrait s’en étonner. Celles-ci servent avant tout à mettre en scène un récit qui correspond aux intérêts de ceux qui les organisent. Mais la réécriture de l’histoire de la seconde guerre mondiale est bien plus vaste. Elle touche aussi les médias, les manuels scolaires, les musées et, dans certains pays, les politiques publiques. l’histoire est-elle manipulée à foison . Elle justifie des guerres, disqualifie des adversaires, soude des identités collectives. Chacun peut l’occulter, la récrire, la distordre, y piocher une analogie, une référence dès lors qu’elles confortent une démonstration… Parce que leur principal pouvoir consiste à cadrer l’espace et à définir le périmètre du débat, les médias s’emploient à maintenir « hors cadre » les pages susceptibles de ternir l’image des démocraties libérales.
“The West won the world not by the superiority of its ideas or values or religion (to which few members of other civilizations were converted) but rather by its superiority in applying organized violence. Westerners often forget this fact; non-Westerners never do.” —Samuel P. Huntington, The Clash of Civilisation and the Remaking of the World Order, 1996, p. 51